Antonio Aragón Renuncio

Photos Antonio Aragón Renuncio
Journaliste Alexis Aubin

Enfance perdue

 

Le Burkina Faso est le producteur d’or à la plus forte croissance en Afrique. Si les mines industrielles sont les principaux acteurs de cette industrie en effervescence, les mines artisanales et à petite échelle (EMAPE) y demeurent communes.

On les appelle ainsi, car elles sont dépourvues de machinerie ou en ont très peu. Ce sont des mines clandestines qui reposent sur l’effort physique. Ceux qui y courbent l’échine y travaillent jour et nuit.

Cette micro-industrie procure des moyens de subsistance à plus de 10 millions de personnes en Afrique subsaharienne. Cependant, l’absence d’encadrement de ce secteur en fait l’un des plus néfastes pour les populations qui en dépendent.

Le photographe Antonio travaille depuis plus de 20 ans en Afrique de l’Ouest.  Il y a réalisé de nombreux projets, dont plusieurs de médecine humanitaire avec l’organisme qu’il a fondé. Il lui faudra tout de même plus d’un an de démarche avant d’avoir accès à l’une de ces mines artisanales.

Sur place, il est frappé par la majorité de femmes et d’enfants qui y travaillent. Les petits corps permettent de se faufiler plus aisément dans les galeries souterraines. Les tunnels creusés à force de bras s’enfoncent des dizaines de mètres dans un sol aux couleurs rouille. L’objectif est habituellement d’atteindre les 100 mètres. Selon les dires, l’or est plus facile d’accès à ces profondeurs.

« Les conditions là-bas sont horribles. Ils passent 12, 14, 18 heures dans des trous qui font environ un mètre de diamètre. Il n’y a pas d’escalier ni de corde, il n’y a rien pour rentrer. Ils entrent en se tenant avec leurs mains et leurs pieds en suivant les murs. Une fois rendu au fonds […] ils prennent du sable, le mettent dans leur poche et ressortent.

[Les conditions] de santé sont mauvaises. Il n’y a pas d’eau, la plupart des enfants passent un ou deux mois sans se laver. Puis ils dorment au-dessus des trous, s’ils les laissent [sans surveillance] il est possible que quelqu’un vienne pour en prendre [possession et y travailler à leur place] ».

Selon les normes internationales, l’exploitation minière est l’une des pires formes de travail infantile en raison des risques de blessures et de décès. L’exposition constante à la poussière, aux produits chimiques toxiques et aux travaux manuels lourds peut entrainer des conséquences à long terme sur la santé. En plus de l’exposition à des risques énormes, ces enfants ne vont pas à l’école. En travaillant dans les mines, c’est à la fois leur enfance et leur futur qui leur est dérobé.

Tout près des tunnels, on creuse les tombes des collègues qui n’en pouvaient plus. Le cimetière est le plus proche voisin et souvent la prochaine destination pour ceux qui s’enfoncent chaque jour dans ces cavités. Devant l’urgence des besoins à combler, l’avenir elle demeure plus qu’incertaine.

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Antonio Aragón Renuncio
Photographe documentaire espagnol. Professeur de photographie, depuis plus de 17 ans et éditeur pour le XplorerMagazine. Directeur général XtremePhotoWS. Photographe indépendant pour plusieurs agences de presse internationales. Il écrit sur la photographie et publie des reportages sur les médias internationaux numériques et imprimés. Il fonde et préside l'ONG OASIS. Plus de 200 prix et reconnaissances internationaux. Plus de 250 salons imprimés à travers le monde. Il travaille actuellement sur des projets à long terme, principalement en Afrique, consacrés aux problèmes de conservation, de santé mondiale de pauvreté, de diminution des cultures, de discrimination, de durabilité et d'environnement.
Alexis Aubin
Alexis Aubin a étudié les communications à l’UdeM et la photographie au collège Marsan. Que ce soit comme photojournaliste ou en tant que communicateur pour des organismes humanitaires, il utilise les médias afin de sensibiliser et informer sur les défis auxquels nous devons faire face collectivement.