COVID: L’ennemie invisible

Photos Marie-France Coallier, Édouard Plante-Fréchette, Jacques Nadeau, Rocket Lavoie, Martin Tremblay et Michel Tremblay,
Journaliste Alexis Aubin

COVID: L’ennemie Invisible

 

C’est une rupture brutale qui nous a frappées. Le Covid-19 a bouleversé l’ensemble de nos mœurs, de notre organisation, de nos vies. En 2020, la ligne du temps s’est mise à déraper et on se demande bien quand elle reprendra un cours plus ou moins « normal ».

Devant une telle crise, l’information est primordiale. Elle permet d’évaluer les situations et d’intervenir de façon éclairée. Si elle est déficiente, on cherchera à combler l’incertitude.

Ainsi, les crises de quelques natures qu’elles soient, économiques, politiques ou sanitaires sont des périodes fertiles pour les rumeurs et les théories du complot. Fondées ou non, les rumeurs sont véhiculées par des messages parallèles ou complètement opposés au discours officiel. Si la pluralité des voix est essentielle au fonctionnement d’une démocratie, la désinformation provoque la confusion et finit par exacerber les tensions au sein d’une société.

En ce sens, les photojournalistes ont réalisé un travail primordial afin d’informer le public et montrer les situations auxquelles ont dû faire face les citoyens. La photographie contrairement à d’autres médias exige la présence. Les photographes sont appelés à s’exposer même dans les contextes les plus difficiles.

Convaincu de l’importance de documenter cette crise sans précédent, Martin Tremblay photojournaliste au quotidien La Presse, tente avec quelques journalistes de faire pression afin d’accéder aux coeur de l’épicentre de la crise. Il sera le premier à se rendre dans un centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) pour y photographier la catastrophe en cours.

Après plusieurs mois de couverture il initie l’exposition collective sur le Covid-19 présentée dans le cadre du Zoom Photo Festival Saguenay 2020 : « Devant l’ampleur historique des événements, j’ai voulu faire une exposition collective, afin de présenter différents regards sur la crise au Québec ».

Le défi reste de taille afin de trouver un équilibre entre l’accès et la sécurité. Au Québec comme dans beaucoup d’endroits dans le monde, il a été particulièrement difficile pour les photojournalistes de nous fournir des images décrivant la gravité de la crise.

« Au départ, c’était long et compliqué pour les journalistes d’avoir des accès. C’est lors des reportages qu’on a pris conscience de l’ampleur de la situation. Après ces lieux [de soins de santé] étaient prudents et avec raison. Il y avait des enjeux de sécurité très importants. Je pense toutefois qu’il doit y avoir une meilleure communication et une plus grande souplesse. Les médias doivent avoir un accès plus juste à ces milieux de vie et de traitement », explique Édouard Plante-Fréchette, également photographe au journal La Presse.

L’adaptation des photographes afin de respecter les mesures sanitaires à changer leur façon de travailler et même de faire des images.

Michel Tremblay fondateur du Zoom Photo Festival et photographe pour le Quotidien, a utilisé d’anciennes techniques pour réaliser des photos avec plusieurs personnes : « Il a fallu réapprendre à faire des photos de groupe. On a dû ressortir ce que j’appelle les photos d’anciens albums rock. Avec la compression des téléobjectifs, on réussit à donner une impression d’unité […] même si les personnes sont physiquement loin les unes des autres ».

Pour Rockette Lavoie, aussi photographe au journal le Quotidien, c’est le travail seul qui a été le plus difficile : D’habitude, on part à deux. On discute ensemble du reportage. Travailler seul dans mon auto c’est correct, mais avec le temps ça devient ennuyeux ».

Les restrictions ont tellement influencé la production photographique qu’une esthétique particulière à la pandémie a vu le jour : « J’ai rangé mon [objectif] de 35 mm. Il fallait surtout que j’utilise le téléphoto. Cela a créé un lot d’images dans les médias qui avaient une facture visuelle différente. Bref, ça a vraiment changé notre façon de photographier » explique Édouard Plante-Fréchette.

En effet, la situation a changé bien des choses et chacun use de créativité afin de s’adapter.

Face à cette période difficile, le Zoom Photo Festival souhaite santé, à vous et vos proches. Persévérons ! Tous ensemble nous serons en mesure de surmonter cette épreuve.

Photo JACQUES NADEAU, Le Devoir

 

Cliquez ici pour notre section Expositions 2020 pour connaitre les lieux d’exposition du festival.

Marie-France Coallier, Édouard Plante-Fréchette, Jacques Nadeau, Rocket Lavoie, Martin Tremblay et Michel Tremblay,
Nous avons réuni le travail documentaire de six photographes québécois ; Marie-France Coallier, Rocket Lavoie, Jacques Nadeau, Édouard Plante-Fréchette, Michel Tremblay et Martin Tremblay. Véritable témoin, le collectif de photographes fixe le temps dans un présent existant. Devoir de mémoire, la sensibilité des images marque une vision où l’artiste est à la fois partie prenante de son sujet. Il est exceptionnel pour un photographe de travailler sur un sujet qui l’inclut et publié au moment où l’histoire se déroule au moment présent.

Alexis Aubin
Alexis Aubin a étudié les communications à l’UdeM et la photographie au collège Marsan.  Que ce soit comme photojournaliste ou en tant que communicateur pour des organismes humanitaires, il utilise les médias afin de sensibiliser et informer sur les défis auxquels nous devons faire face collectivement.