Julie Langenegger Lachance

Photos Julie Langenegger Lachance
Journaliste Alexis Aubin

Mémories

 

« Aller dans le Sud », cette expression est aussi générale que spécifique. Pour les Québécois, elle signifie surtout passer une semaine dans un tout inclut aux caraïbes ou sur la côte pacifique du Mexique. Quelques jours où tout est déjà organisé, avion, bus, hôtel, buffet, bar à volonté, plage et piscine dans le même forfait. Il ne reste qu’à monter dans l’avion pour poser ses valises quelques heures plus tard au bord de la mer.

Ce moment de détente et de folie durement gagné, on l’a attendu toute l’année. Enfin s’évader quelques jours à la chaleur, loin des soucis, du vent glacial de février et surtout de son patron.

 

 

Pour notre pays nordique, un climat où pousse les palmiers et où le gèle n’existe que dans les congélateurs est souvent synonyme de paradis. Cependant, ces hôtels sont bien loin des réalités locales. Sortes d’ilot, voire de forteresse, elles tiennent peu compte des conditions économiques et politiques des régions qui les accueillent. Ces hôtels sont l’expression moderne d’un tourisme massifié. Encore, on quitte les métropoles en quête des ressources qui y manquent, dans ce cas le soleil, la chaleur et le sable.

La plupart du temps, les populations locales se voient interdites d’accès aux plages. Sinon elles servent de main-d’œuvre bon marché pour assurer des vacances à prix abordables aux touristes internationaux.

Julie Langenegger Lachance, d’origine suisse et née en Angleterre, fait un premier séjour dans un tout inclus en 2014. Son besoin de vacances et son petit budget les poussent, elle et son époux, à partir 6 jours à Cuba.

 

 

Quelques années plus tard, elle retourne seule au Grand Memories Hotel à Cayo Santa Maria, Cuba pour y photographier le quotidien des vacanciers.

Les images qu’elle y réalise sont teintées de kitch. Les touristes mal adaptés au climat gardent sur leur peau les marques d’un soleil plombant contrasté par les démarcations des maillots de bain.

Plus que se moquer, c’est l’autodérision qui porte le reportage. Julie y voit le reflet de l’occident, de la société de consommation et de quelques moments absurdes qui en découlent. Les photographies donnent le sourire et rappellent celle de photographes comme Martin Parr qui l’a inspiré.

Il vaut certes mieux en rire qu’en pleurer, mais comme l’affirme Julie : Ce qui m’a particulièrement frappé c’est à quel point ce secteur du tourisme est nocif pour l’économie durable et l’environnement. Dès que tu sors de ces hôtels tu découvres un paysage qui est saccagé par les constructions […] les seuls à qui cela rapportera ce sont les investisseurs ».

Si l’humour permet, d’aborder des sujets parfois délicats, memories fait autant rire que réfléchir sur nos façons de voyager.

 

 

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Julie Langenegger Lachance
Julie Langenegger Lachance, est née à Londres, d’une mère Iranienne et d’un père Suisse. Diplômée de l’école de photographie de Vevey (CH), elle occupe ensuite un poste comme assistante à L’ECAL. Ses suites photographiques, “Le Montreux-National”, “Cow Cow Boogie” ou “NUANCE”, font l’objet de publications (“FLUX, Regards par dessus la frontière”, Infolio, 2009). Son travail est régulièrement publié (Faces, Hippocampe, BSC News Magazine). Elle vit et travaille actuellement à Montréal.
Alexis Aubin
Alexis Aubin a étudié les communications à l’UdeM et la photographie au collège Marsan. Que ce soit comme photojournaliste ou en tant que communicateur pour des organismes humanitaires, il utilise les médias afin de sensibiliser et informer sur les défis auxquels nous devons faire face collectivement.