Où est-ce que je veux appartenir maintenant ?
Une question tout aussi existentielle que la crise qui l’a fait naître. C’est cette interrogation, une quête de soi et de sa place dans le monde, qui est au centre du travail d’Émilie Couture présenté dans le cadre du Zoom Photo Festival. Elle y raconte le voyage de guérison de Darlene née dans la communauté Mi’gmaq de Gesgapegiag qui a vécu et élevé ses enfants aux États-Unis.
Après son retour au Québec en 2012, elle travaille comme intervenante auprès des jeunes de Gesgapegiag pour les aider à retrouver leur identité à travers des pratiques traditionnelles.
Les traumatismes du passé s’entremêlent d’une série d’événements malencontreux comme la maladie mentale de son fils cadet causé par la consommation de drogue, puis l’incendie de sa maison en mars 2019. La perte de son emploi, le manque de support de sa famille et de sa communauté, intensifie les symptômes du choc post-traumatique dont elle souffre depuis longtemps. La situation la plonge dans une dépression sévère.
En mars 2019, elle communique avec la photographe Émilie Couture pour l’inviter à l’accompagner au cours d’un séjour aux États-Unis : « Elle était complètement bouleversée, en colère et dépourvue. Elle m’a expliqué ce qui lui arrivait. Elle m’a dit qu’elle souhaitait faire un voyage de guérison aux États-Unis pour retourner voir les lieux et les gens qui l’ont vu grandir […] Elle avait besoin de partir de sa communauté. »
Elles partent donc ensemble et passent quelques jours chez le fils ainé de Darlene puis visite une de ses grandes amies, une femme de 82 ans. C’est là qu’elle réalise qu’elle doit se soigner et décide de rentrer au Canada.
Si ces quelques jours sur la route peuvent évoquer un Road Movie, l’histoire de Darlene raconté par Émilie évoque avant tout son désir de vivre et l’importance de l’appartenance.
« Darlene dans tout ce qu’elle est, représente la réalité des premières nations, des communautés qui vivent dans les réserves, le traumatisme historique, les impacts de ces traumatismes qui sont encore là aujourd’hui, la difficulté de sortir de ces situations puis le désir de changer les choses qui vient des communautés même. Les changements vont passer par les acteurs de ces communautés. Ce sont eux qui vont mettre les moyens en place pour s’en sortir ».
Ce qui est porteur dans ce travail ce n’est pas seulement la culture qui y est montrée, sinon en quoi le retour à cette culture et sa réappropriation chez les membres de ces communautés peuvent être un vecteur de changement.
Ce changement c’est ce que la photographe veut montrer à travers la suite de cette collaboration avec Darlene. Cette dernière contribue aujourd’hui à la transmission des savoirs ancestraux aux nouvelles générations de Gesgapegiag. En somme, c’est un travail collectif pour redécouvrir son identité autant personnelle que communautaire.
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