Il fut un temps où les Kalash vivaient en harmonie avec la nature au pied de l’Hindou Kush, protégé par le sommet enneigé du Tirich Mir (le roi de l’ombre). En bas, dans la vallée (3000 à 2000 mètres) s’étendait une forêt de cèdres et de pins habitée par les fées et les esprits et irriguée par une rivière vive. C’est à peu près en ces termes que ce peuple paisible évoque ce qui reste de son royaume d’antan. Considérés comme des Kafir – des infidèles – les Kalash sont animistes et polythéistes au pays des fous de Dieu.
Les 250 000 âmes du XVIe siècle régnant sur un territoire gigantesque ne sont plus que 4 100 en 2017, avec un espace vital qui s’est réduit comme peau de chagrin. Décimés en Afghanistan, les survivants des différentes vagues de persécution et conversion se sont réfugiés dans les vallées frontalières à l’ouest de Chitral au Pakistan. Malgré la protection accordée par le Pakistan, la menace talibane du voisin afghan est toujours présente. L’accès à ces trois vallées (Birir, Rumbur et Bumburet) est extrêmement difficile.
Sarah Caron
Photographe en zone de conflit et voyageuse infatigable, Sarah Caron travaille autant sur des sujets d’actualité que sur des projets à long terme. Ses photographies font l’objet d’expositions sur plusieurs continents. Elle a publié Odyssée moderne, le Pakistan à vif… et collabore régulièrement avec la presse française et internationale. Elle est lauréate de plusieurs fondations. Elle a reçu le Prix Canon de la Femme Photojournaliste 2012 et le Prix du jury Days Japan 2017.